Le pauvre homme... Il avait voyagé depuis Sikaiddo pendant de longues semaines. Il ne lui tardait désormais plus qu'une chose : boire une pinte de bière moussue une fois sa mission accomplie... avant de faire le trajet en sens inverse. Il n'aimait guère ce travail mais il était fort bien payé et ses trois enfants ne pourrait survivre autrement...

Perdu dans sa rêvasserie il arriva enfin en vue de la ville de Droto. Son cœur bondit car il savait que sa quête allait enfin prendre fin... mais il s'assombrit aussi tôt car il n'avait qu'une vague description de la personne à qui il devait remettre la missive. Par chance il avait l'adresse, mais on l'avait mit en garde, elle sortait souvent.

Il erra au hasard des rues, cherchant sa destination. Les passants lui indiquèrent avec une mauvaise volonté évidente. Ici les porteurs de messages on ne les aimait guère. Par chance il trouva avant la nuit, et comble de bonheur pour lui, la dite Mafurude Yasu était chez elle !

Après s'être assuré qu'il s'agissait bien de la bonne personne grâce à une question qu'il ne comprenait pas (on lui avait indiqué la réponse attendue et elle la délivra de façon juste et au mot près), il lui remis la lettre scellée puis ne tarda pas. Il cherchait déjà une auberge où se rincer le gosier. Si Mafurude avait joué à cet instant, il aurait surement été moins pressé...

En voici le contenu :

Chère Mafurude,

Sans doute vous souvenez vous de moi, bien que nous ne nous soyons guère croisé longtemps. A notre dernière rencontre nous étions de bons amis et pour cela je tiens à ce que vous soyez présente lors des grandes fêtes de l'Eau de Sikaiddo.

Il se préparent dans le vaste monde de grands changements et je vous enjoins à prendre part avec moi à ce renversement de l'ordre.


Sans plus d'explication ni de signature la lettre prenais fin. Sur le dos de la lettre était apposé la marque du seigneur de Sikaiddo, Chusonji Shotam.

C'était un soir, alors que je venais tout juste de rentrer chez moi, un messager est venu m'apporter une lettre. Je n'étais guère surprise, j'attendais cette lettre depuis quelques temps déjà. Je savais que Chusonji Shotam, daimyo de Sikaiddo, reprendrait contact avec moi au vu de notre discussion lors de notre rencontre.
C'était il y a plusieurs mois, alors que j'avais décidé de visiter l'île abritant Sikaiddo. Nous nous sommes croisés dans la forêt à l'est de la ville. A ce moment là, je ne me serais jamais doutée qu'il était daimyo. Du moins, rien dans sa tenue ou son attitude ne pouvait me l'indiquer. Nous avions alors passé plusieurs heures ensemble et je l'avais trouvé très sympathique. Apparemment, ceci avait été réciproque.
Au milieu de la conversation, le sujet de l'ordre avait été abordé et nous nous étions rendus compte que nos avis convergeaient. Il m'avait alors fait comprendre qu'il n'hésiterait pas à m'appeler si un jour un quelconque mouvement se créait, et ce, sûrement dans un futur proche.

Alors voilà, j'allais maintenant repartir pour Sikaiddo! Les grandes fêtes de l'Eau sont un des plus grand événement du pays et je n'avais jamais eu l'occasion d'y assister. Bien entendu, je me doutais que peu de temps allait vraiment y être consacré, même si cette lettre n'en laissait pas l'impression.

Je partis préparer mes affaires. Le voyage serait long, et je n'avais aucunes provisions. Cette aventure prévoyait d'être fort intéressante!