Litang : 1327Messages : 81 Date d'inscription : 17/05/2011
Sujet: Au sud de Hong Tsao [Clos] Mar 17 Mai - 21:02
Han avait quitté Hong Tsao au matin, emportant ce qu'il avait pu avec lui. Une outre d'eau, son matériel de peinture, un curieux pendentif, son recueil de sutras shitoïstes, quelques vêtements, son argent et quelques provisions. Il avait laissé dans un tiroir de son étude une lettre léguant sa maison à l'un de ses amis, Yamaru Tje, un architecte avec qui il avait beaucoup travaillé.
A la sortie de la ville, il avait dû débourser dix Litang pour pouvoir intégrer une caravane de marchands à destination du petit port d'Yasu Kamaro, au sud. De là, le peintre pourrait prendre un navire vers Sikaiddo, et aviser ensuite.
Les marchands étaient peu causants, ayant compris que l'artiste ne leur achèterait rien d'autre, et cela convenait à ce dernier. Il n'y avait rien de pire que des bavards tentant de refourguer quelque camelote au premier crétin venu. Au moins, ceux-là avaient la décence de le laisser tranquille.
Quelques heures s'écoulèrent lentement, aux seuls sons des rares conversations entre les marchands et l'escorte, des sabots des chevaux de trait et du crissement des roues de la carriole sur la route de terre. La forêt était assez silencieuse. Des oiseaux, de temps en temps, s'envolaient des arbres voisins de la route. Rien ne révélait la méthodique observation des bandits de grand chemin qui surgirent soudain tout autour de la caravane.
Des troupes de ce genre de vagabonds armés écumaient toutes les forêts de la région, où il était aisé de tendre des embuscades, de tuer tout le monde et de repartir sans laisser de traces autres qu'un chariot brisé sans attelage, entouré de cadavres.
Han se jeta au sol dès qu'il vit le premier malfrat surgir l'arc à la main. Bien lui en prit : un flèche siffla à l'endroit ou sa poitrine se trouvait une seconde plus tôt. Trois des membres de l'escorte et deux des négociants n'eurent pas ce réflexe : ils s'effondrèrent, transpercés à des endroits divers et variés, mais tout aussi peu agréables les uns que les autres.
La voix d'un homme surgit d'un bosquet d'où avait jailli des traits acérés.
- Tuez que l'escorte ! J'en veux le maximum vivant !
Tiens ? Étrange. Faire des prisonniers n'était pas dans les habitudes des brigands, habituellement.
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Han Main d'Or
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Sujet: Re: Au sud de Hong Tsao [Clos] Mer 18 Mai - 12:28
L'embuscade avait cessé aussi brusquement qu'elle avait commencé. Quelques corps gisaient, transpercés, et l'on comptait trois blessés grave, qui furent achevés sans remord aucun par les brigands. On jeta tous les cadavres sur la charrette, et l'on ligota les autres : deux gardes qui s'étaient rendus, trois marchands qui avaient eu la chance d'éviter les tirs et Han. Une fois tous les cadavres empilés sur le chariot, perdant ce qui leur restait de sang sur les paquets de marchandises, l'un des assaillants fit se retourner les chevaux, et les renvoya sur la route de Hong Tsao.
Les prisonniers avaient été alignés, saucissonnés dans de solides cordes. Le chef des bandits faisait les cent pas devant eux, laissant à leur peur le temps d'atteindre son summum, et aux questions de se former dans leur esprit terrifié. On obtenait toujours plus d'un prisonnier apeuré et incertain que d'un enragé encore plein de la fièvre combattive.
Au bout de quelques minutes, il parla enfin, d'une voix grave et douce.
- Vous vous demandez sûrement ce que je vous veux, hein ? Pourquoi je ne vous ai pas faits tuer. Pourquoi je n'ai pas pillé ce que vous transportiez. Pourquoi je ne vous ai même pas dépouillé de vos biens, vous six. C'est bien simple. Je recherche quelqu'un. Et je sais qu'il était dans votre caravane.
S'il est mort, je le saurai bientôt, tant pis. C'était le risque. Mais s'il est l'un d'entre vous, il peux encore sauver les autres.
L'homme masqué s'approcha du premier prisonnier, un garde.
- Toi, réponds moi ! Connais-tu l'ordre du Lotus Blanc ?
L'interrogé acquiesça frénétiquement.
- Bien. Penses-tu qu'un membre de votre caravane pouvait en faire partie ?
Le pauvre homme hocha la tête en signe de dénégation.
- Hum. Tu ne m'es d'aucune utilité. Alors peut-être m'aideras-tu à rendre tes compagnons plus coopératifs.
Chu Tse, tue le.
Un autre brigand s'approcha du condamné dont les yeux s'étaient écarquillés et la voix s'était tarie de terreur. Le coutelas s'enfonça profondément juste en dessous de ses côtes, et ses lèvres se teintèrent de pourpre. Il tomba à genoux, puis s'étala dans une flaque grandissante de sang frais. Le chef se remit à faire les cent pas.
Han fixait le mort, bouche bée. Cet homme était mort à cause de lui. Les autres aussi. Assassinés froidement par ceux qui s'étaient jetés à ses trousses. Peut-être pouvait-il encore sauver les quatre derniers en se dénonçant.
Alors qu'il délibérait, le brigand s'arrêta devant un marchand et lui jeta son regard glacé dans les yeux.
- Toi... commença-t-il, mais il fut interrompu par Han.
- Laissez le, je vous en supplie. C'est moi que vous cherchez. Je suis Tsuntamari Han.
Le meurtrier se retourna lentement vers lui, et l'on put voir qu'il souriait.
- Tsuntamari, hein ? Parfait. Vous autres, vous avait-il dit qu'il s'appelait Tsuntamari Han ?
Les quatre survivants, horrifiés par le corps poisseux de leur ancien compagnon, encore entortillé dans ses entraves, s'empressèrent de remuer la tête, n'ayant même plus le courage de répondre un simple "non".
- Eh bien, c'est parfait. Les gars, embarquez moi celui-ci. Tuez les autres et planquez les quelque part où les vautours viendront les chercher. Je ne veux pas de témoins. Les gens de Hong Tsao interpréteront comme ils voudront la charrette macabre qui leur revient.
On assomma Han. Il eut juste le temps d'entendre le bruit des lames qu'on tirait pour égorger ses compagnons d'infortune, avant de sombrer dans l'inconscience.
Dernière édition par Han Main d'Or le Mer 18 Mai - 14:10, édité 1 fois
Han Main d'Or
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Litang : 1327Messages : 81 Date d'inscription : 17/05/2011
Sujet: Re: Au sud de Hong Tsao [Clos] Mer 18 Mai - 14:07
Han se réveilla dans une cabane de bois. De l'eau, ruisselant d'une fente du toit de paille, lui mouillait le visage. Il n'était plus ligoté, mais son crâne lui faisait mal. Où était-il ? Les souvenirs revenaient par bribes ; il avait intégré une caravane, que l'on avait attaquée. Puis la voix terriblement douce de celui qui l'avait capturé lui revint en mémoire, claquant comme un fouet.
*Tuez les autres...*
Cette phrase résonna dans son esprit et une vive douleur le tirailla à l'endroit où l'on l'avait assommé. Maudits soient ces sales chasseurs de prime ! Han le savait maintenant. Il était aux mains de mercenaires, qui allaient le revendre à ceux qu'il fuyait. Pas des mercenaires habituels, certes, mais des mercenaires tout de même. Il fallait qu'il parte avant que ses sinistres poursuivants ne viennent le chercher. Il ne pouvait pas se permettre de tomber entre leurs mains.
Mais d'abord, il devait trouver ses affaires. Il était seul dans la petite cabane, et la porte était sûrement gardée. Neutraliser des combattants chevronnés n'était pas son fort, même s'il savait un peu se battre. Cependant, sans arme, il n'irait pas bien loin. Il fit taire sa respiration et ralentit les battements de son cœur pour écouter les sons, derrière la porte close qui le séparait de l'extérieur. Le bruit d'une respiration lui parvint, porté par celui de la pluie battante. Une seule. Il n'y avait donc qu'un seul garde à sa geôle de bois. Mais c'était déjà trop.
Tant pis, il n'allait pas rester là à attendre la mort. La porte n'était pas fermé à clé. En fait, elle n'avait même pas de serrure. Il était même étonnant, pour une telle masure, d'avoir une porte. Peu importait. Il fallait agir très vite. Le peintre ouvrit vivement la porte, et envoya son pied dans le menton de son geôlier dès qu'il put frapper. Sonné, le garde tomba au sol, et Han s'empressa de le délester de son kodachi. Une fois l'arme à la main, il donna un coup de la poignée sur le crâne de son adversaire qui reprenait ses esprits, afin de l'endormir pour un bon moment. Il le traîna tant bien que mal à l'intérieur de la cabane, après l'avoir fouillé. Il n'avait rien sur lui.
Han sortit donc pour de bon et observa les environs. Il faisait nuit, et une lueur attira son regard. Un feu de camp. Ceux qui faisaient brûler ça par un tel orage ne manquaient pas de courage. Il s'approcha très prudemment, frémissant à chaque coup de tonnerre, même si celui-ci grondait de loin.
Une demi-douzaine d'hommes frissonnaient sous une grande bâche de toile étanche, qui faisait office de tente. Han aperçut derrière eux, tout au fond, son équipement. Il allait falloir être discret. Il contournait silencieusement le campement de fortune, lorsque l'un des hommes parla. Le peintre reconnut immédiatement la voix du chef, mille fois maudite.
- J'espère que Maître Naruyata va se dépêcher de venir chercher son prisonnier, qu'on puisse rentrer tranquillement à la Flèche.
Il y eut un silence. Ses hommes n'osaient visiblement pas lui parler.
- Je me demande comment ce Tsuntamari a pu s'introduire dans le domaine Naruyata, alors qu'il n'a même pas été capable de nous échapper. Serait-il vraiment un peintre ?
Han retenait sa respiration tandis qu'il approchait de plus en plus de la bâche, à l'endroit où se trouvait son paquetage. Il espérait que tout y était.
- Vous croyez que c'est ce pendentif qu'il a dérobé ?
Oh, non. Il avait le pendentif entre les mains. Han ne pouvait pas se permettre de le lui laisser. Il était trop important pour ça.
- Reposez ce truc, chef, s'il vous plaît. On ne sait pas quel maléfice il peut renfermer.
- Bien sûr que si. Je suis un Frère du Lotus, ne l'oublie pas. Mais il est vrai que la puissance de cet objet m'échappe totalement.
Il y eut des bruits de pas : le chef s'avançait vers le paquetage. Il y eut un cliquetis, puis les pas retournèrent à leur place initiale.
- C'est bon, il est à sa place. Tu n'as plus rien à craindre, petit couard.
Han taillada la toile dans le silence, et aperçut à travers l'ouverture toute ses affaires. Il s'en empara, et les hissa sur son dos : il avait réussi ! Il ne restait plus qu'à fuir.
Il allait prendre ses jambes à son cou lorsqu'une voix nouvelle, faible, s'éleva.
- Chef ! Tsuntamari s'est enfui !
Le geôlier était déjà réveillé ! Par les Trois Pairs, il allait falloir courir. Commençant à reculer furtivement, Han s'éloigna de la tente, lorsqu'explosa la voix jusqu'alors douce du chef.
- Pauvre incapable ! Vous tous, retrouvez le !
Le peintre n'hésita plus, il s'enfuit en courant !
- Il est là ! Tuez le !
Dernière édition par Han Main d'Or le Ven 20 Mai - 17:26, édité 1 fois
Han Main d'Or
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Sujet: Re: Au sud de Hong Tsao [Clos] Ven 20 Mai - 15:57
Han avait semé ses poursuivants, à la faveur de la nuit et de l'averse. Une fois que les bruits de leur course se fut éloigné, le peintre courut le plus loin possible du camp, jusqu'à ce que son haleine ne puisse plus soutenir son rythme. Il s'affala donc sur un tronc arraché par le vent, dans une clairière minuscule.
Coïncidence heureuse ! Ici, les vents venaient de la mer. S'il allait vers la mer, il allait vers Sikaiddo. Et les nuages étaient poussés par le vent. Il put donc s'orienter, de manière à pouvoir cheminer vers son objectif.
Après avoir repris son souffle, il partit en trottinant dans la direction voulue, heureusement pas celle du campement de ses agresseurs. Si ses estimations étaient bonnes, il arriverait au port d'Yasu Kamaro dans deux jours, tout au plus.