« La vie est faite de départs. La mort n’en est qu’un de plus. »
Les jours suivants furent à la fois longs et trop courts. Ils passèrent à une vitesse rapide de manière interminable. C’est ce paradoxe qui hanta Kaito pendant cette période. Le jour du départ à la fois trop proche et trop lointain l’obsédait.
Le soigneur partagea ce temps entre la jeune femme et les soins aux autres malades. Comme si sa vie n’allait pas davantage basculer quelques jours plus tard. Lorsqu’il était au chevet de la presque-guérie, les deux jeunes gens n’échangeaient que peu de mots. Et, les rares provenaient de la bouche de la femme.
Finalement, le lendemain du rétablissement complet de l’anciennement malade, avant l’aube pour profiter du couvert de la nuit, ils quittèrent le monastère puis Alinoa sans cérémonie.
Kaito n’ayant l’habitude des voyages n’avait pris que de quoi les protéger des rigueurs du temps. Celle qui l’accompagnait n’avait que ses blessures comme bagages.
Lorsque le ciel se nimba de sa parure matinale, les deux marcheurs progressaient vers le sud. Kaito ne put s’empêcher de s’émerveiller devant un tel spectacle enchanteur. Il n’avait pas eu l’occasion d’assister à une telle merveille depuis sa tendre enfance. L’aube le ramena à l’époque où très jeune, il adorait gambader dans la forêt près d’un cours d’eau. Et, c’est ce qu’il faisait à présent, moult années plus tard.
Seulement, voyager pouvait être un but en soi, mais comment le faire de la bonne manière. Kaito ne le savait. Il n’avait aucune idée de la marche à suivre. Il n’eut d’autre choix que de s’exprimer et de demander conseil à son obligée.
Elle, ayant dû se déplacer à maintes reprises, savait ce qu’il convenait de faire. Seulement, elle désirait une chose plus ardemment encore que le couvert et le gîte. Un katana. Le sien de préférence, mais il devait être perdu. N’importe quelle lame pourrait évidemment faire l’affaire, mais cette arme noble avait sa préférence. Le conflit intérieur ne l’agita que peu de temps. Son sauveur passait en premier.
Donc, quitte à devoir le défendre dans un premier temps à mains nues, ou avec une arme improvisée, elle lui conseilla de diriger leurs pas vers un petit village attenant au fleuve à quelques heures de marche seulement. Avec de la chance, il l’atteindrait avant la tombée de la nuit, cela dépendrait du guérisseur. De plus, peut être que ses talents seraient mis à contribution.
La mi-journée arriva, ainsi que la faim. Seulement, Kaito n’ayant prévu ce détail devait faire avec. Il se maudit de cette négligence, mais ce dit que c’était la vie, que c’était ainsi. La jeune femme, dont il ignorait toujours le nom, avançait pour sa part d’un pas sûr et serein ne se souciant d’une chose aussi triviale que la faim.
Un incident perturba le début du voyage monotone durant lequel aucune parole n’avait été échangée. Le hurlement d’un loup leur parvint. Il paraissait tout proche.
Shimizu Kaito
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Sujet: Re: D'Alinoa vers l'inconnu Jeu 1 Sep - 21:46
« La vie est pleine de surprises, La mort n’en est que la dernière. »
La jeune femme pivota rapidement pour faire face à la nouvelle menace venant bien évidemment de leur dos. Ce qu’elle ne comprenait pas, c’est que l’animal avait pris la peine de les prévenir. A moins qu’il n’ait appelé ses compagnons. Sans relâcher sa vigilance, elle chercha une arme quelconque. Seule une branche morte se présenta à l’appel.
Elle allait s’en saisir lorsque Kaito l’en empêcha. Il se fit violence en expliquant son interruption.
« C’est un vieil ami… d’infortune. Toujours, il est là… pour m’accompagner. De loin. » « Vous êtes ami avec un loup ? » demanda-t-elle incrédule. « Oui… non. C’est compliqué… même pour moi. »
La réponse sembla suffire à la protectrice. La tension se dissipa et elle retrouva son calme. Le silence revint à son tour. Le voyage continua.
Enfin, le village fut en vue. Ainsi que la lune qui aujourd’hui avait décidée d’apparaître avant le départ de son compagnon diurne. C’est durant ce moment de battement entre jour et nuit que les deux voyageurs mirent le pied à Aguni.
Modeste groupement d’habitations riveraines. Les agunis vivant principalement de la pêche fluviale, peu fructueuse, et d’un peu de chasse et de cueillette. Et, parmi eux, Hinia, la guérisseuse, la cueilleuse, l’herboriste, la sage-femme, la doyenne, non par l’âge mais par le respect qu’on lui témoignait.
C’est donc elle, petite femme au visage souriant peu marqué par le temps et aux cheveux courts et noirs qui les accueillis au retour de son ramassage de champignons.
« Bienv’nue étrangers. Qu’est-c’qui vous amène dans ce trou ? » demanda Hinia, lucide quant à l’importance inexistante du village.
Voyant que Kaito ne faisait pas mine de vouloir répondre, Aile-de-corbeau prit la parole.
« L’envie d’aider notre prochain. Mon maître que voici est un maître dans l’art de la guérison. » dit-elle avec humilité.
Les yeux marron de la petite femme s’ouvrirent en grand. Sous la surprise ou l’horreur. Elle se rapprocha davantage plus vite que sa taille ne le laissait supposer.
« Dites pas ça à haute voix ici. Les maîtres sont pas appréciés dans le coin. » chuchota la doyenne. « Mais, vous arrivez au bon moment. » fit-elle avec un grand sourire. « Y’a Marline qu’est malade et j’peux rien pour elle. P’têt que vous, si. L’est souffrante d’puis dix jours, et tout c’que j’ai fait, bah, ça a rien fait. J’peux juste calmer la douleur. »
Une vague de tristesse passa sur le visage de Kaito avant qu’un maigre sourire ne la balaye. Il hocha la tête pour signifier qu’il était prêt à aider la pauvre Marline.
« Mon maître et moi vous suivons. »
Shimizu Kaito
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Sujet: Re: D'Alinoa vers l'inconnu Ven 16 Sep - 0:10
« La naissance est une libération, Mais, le trépas en est-il une ? »
Hinia les mena à leur destination en marchant voûtée. Ce n’était point à cause de son âge ni de la fatigue, mais uniquement car on s’attendait à ce qu’une doyenne se déplace ainsi. Aussi, faisait-elle de son mieux pour respecter les croyances de ses compagnons.
Le petit groupe arriva donc rapidement et discrètement chez la guérisseuse. Dans la modeste demeure, Marline était alitée enveloppée par la senteur forte et entêtante d’encens. Forte au point que Noire-Chevelure se pinça le nez. Pourtant, l’odeur enivrante ne parvint pas à dissimuler celle plus sournoise de la mort à Kaito.
Et oui, malheureusement, le soigneur le sentit de suite. Marline était condamnée. L’échéance était à court terme. Le temps ne patienterait pas longtemps avant de réclamer son dû. Contrairement à ce qu’elle avait affirmé, Hinia n’avait pas fait qu’atténuer la douleur, elle avait aussi ralenti la progression de la maladie. Mais, aussi lente que soit la progression du mal, elle a lieu et atteint toujours son but. Sauf, évidemment si un remède existe et est appliqué à temps.
Seulement, Kaito n’avait aucune idée si un remède était de ce monde. Et, de toute façon, il était trop tard. Rien que l’odeur émanant de la malade, la mourante, témoignait de l’avancée du mal.
Ayant déployé ses sens, le guérisseur ressentit de la souffrance malgré les soins d’Hinia. Ses derniers entravaient davantage la liberté de mouvement et de réaction de Marline que la douleur. La souffrante ne pouvait plus lutter contre la douleur aussi atténuée fut-elle.
A présent, une épreuve, deux même, s’imposèrent à Kaito. La première consistait à annoncer à la doyenne que son amie ne pouvait être soignée. La deuxième, plus dure à accepter et accomplir, mettre un terme au calvaire de l’alitée pour lui éviter des souffrances inutiles.
N’ayant l’habitude des contacts humains, surtout avec des personnes conscientes, il ne savait la meilleure manière de présenter la chose, les choses. Surtout lorsqu’elles étaient aussi peu agréables à annoncer. Et, il ne pouvait attendre d’aide de la part de celle qui l’accompagnait.
Il s’efforça de repenser à son maître et son attitude lorsqu’il s’adressait à lui tandis qu’il se rapprocha d’Hinia à présent accroupie au chevet de la condamnée. Mais, comme souvent, les souvenirs en rien ne pouvaient l’aider. Aussi, ne compta-t-il que sur lui.
« Je… je suis désolé, mais… mais, votre amie est… mourante. Je… on ne peut rien… pour elle. » Le guérisseur qui n’allait pas tarder à devenir un meurtrier, par obligation, pitié, devoir, déglutit difficilement en anticipant la suite. Il n’osait pas affronter le regard d’Hinia. « Je… peux seulement… mettre un terme… à sa souffrance… sa vie. »
Kaito avait réussi à annoncer ce qu’il voulait et devait dire. Mais, cela ne le libéra aucunement d’un poids. A peine un s’était-il envolé, qu’un autre prit sa place. Il attendait, redoutait la réaction d’Hinia. La jeune femme, elle, assistait à la scène impassible.
Neko Maître du Jeu
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Sujet: Re: D'Alinoa vers l'inconnu Lun 5 Déc - 19:15
De tous les messages que maître Chusonji avait dépêché, la jeune Eris était surement la plus chanceuse. On l'avait envoyé à Alinoa, au monastère, pour trouver un maître soigneur. Rien de plus simple. Elle n'avait cependant pas tardé en chemin, pressée de rentrer à Sikaiddo. Son périple se fit donc sans halte superflues et elle ne tarda pas à arriver en vue de la presque-île d'Alinoa.
Mais voila, arrivée au monastère, on lui apprit que maître Shimizu Kaito n'était plus là. De surcroît, personne ne savait où le trouver et cela faisait deux jours qu'il avait disparu. La messagère ne se laissa pas démonter et repartie à bride abattue sur l'unique route qui menait à la ville. Avec un peu de chance elle parviendrait à rattraper le voyageur... sinon elle voyait mal comme lui remettre le message... Juste avant son départ un jeune moine, surement sous le charme, vint la voir et lui apprit qu'Shimizu Kaito voyageait en compagnie d'une jeune femme. Le guérisseur lui dressa en dressa un portrait assez précis.
Alors qu'elle chevauchée dans la direction inverse, elle réfléchit à ses options. Eris parvient à la conclusion qu'elle n'avait plus guère de temps devant elle pour les retrouver. Sans cela elle risquait une très longue quête à travers le pays de Wa... C'est sur ces considérations qu'elle fit halte à Aguni à la nuit tombante...
Shimizu Kaito
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Sujet: Re: D'Alinoa vers l'inconnu Jeu 8 Déc - 1:51
« La mort est toujours un moment difficile, Surtout pour ceux qui restent. »
« Vous n’pouvez vraiment pas la sauver ? Elle élève seule sa fille. Qu’est-ce qu’elle va dev’nir toute seule ? »
Le tueur en puissance voulut ne pas répondre. Il craignait de manquer de force pour cela. Seulement, agir ainsi n’aurait été qu’une fuite. Futile. Fuir ne revenait qu’à dénier la réalité. Et, depuis toujours, enfin aussi longtemps qu’il s’en souvienne, Kaito avait accepté la réalité. Cruelle et froide.
« Non. » fit-il hésitant en se forçant à regarder Hinia dans les yeux.
Les larmes coulant lentement sur les joues de la doyenne ne purent échapper au soigneur. Mais, mériterait-il encore ce titre après ce qu’il s’apprêtait à faire ? Il aurait bien consolé la petite femme, mais il ne savait comment s’y prendre. Il se contenta donc te tirer une tête d’enterrement.
Puis, il s’approcha de la condamnée et s’agenouilla à son chevet. Il mouilla ses mains dans le bol contenant des bandes trempant dans de l’eau. Puis, il tint les mains de Marline. Dès le contact, il sentit la douleur dirigeant la morte en devenir. Il tendit son esprit et tissa un lien entre eux deux. Il absorba la souffrance progressivement et pâlit à vue d’œil. Il se força à maintenir le contact aussi bien physiquement que mentalement. L’affaiblissement n’échappa à la protectrice, mais un mince sourire qui se voulait rassurant la dissuada d’intervenir. Elle fronça les sourcils mais accepta la décision de Kaito.
« Nia… » fit une voix plaintive. « Hinia… es-tu là ? » « Marline ! » s’écria l’ancienne en se précipitant vers l’alitée manquant bousculer Kaito. « Je suis là. Tout va bien. » lui chuchota-t-elle en lui caressant les cheveux. « Hinia, que… qui… » tenta-t-elle de dire avant d’être interrompue par une toux sèche. « Non, ne parle pas. Ca va aller. » « Me mens pas… Hinia. J’vais mourir. C’est d’mon corps qu’il s’agit. J’le sens. Enfin, j’sens plus rien. Ca veut dire qu’c’est bientôt la fin, non ? »
L’agenouillée ne pouvait retenir les larmes qui s’écoulaient telles une cascade. Sa vue était brouillée. Et, ce fut cette fois au tour de l’allongée de rassurer.
« Pleure pas Hinia. T’as fait c’que tu pouvais. C’était d’jà beaucoup. J’ai eu une bonne vie. J’ai une fille que j’ai aime, qui m’aime. Je… » dit-elle avant une nouvelle quinte de toux. « Je veux que tu m’promettes une chose. » « Tout c’que tu voudras. Oui, tout. » promit la femme. « Veille sur ma fille. Fais-le à ma place. »
Le silence s’installa. Uniquement ponctué par les respirations. Puis, après ce qui sembla une éternité, Hinia répondit.
« Je ferais de mon mieux. » « Merci. » souffla Marline. « Maintenant, je peux… me reposer. » « Oui, tu as raison. Dors. » sanglota Hinia.
Et, avant que les larmes ne se tarissent, la mourante s’endormit. Kaito l’y avait aidée en sapant son énergie. Puis, il tourna la tête en l’attente de la permission de mettre un terme à ceci.
Un instant, une fraction d’éternité, passa. Hinia caressait tendrement la chevelure abîmée de l’endormie. Elle voulait profiter encore de ces derniers moments. Elle aurait voulu qu’il dure pour toujours. A aucun prix elle ne voulait laisser son amie. Cependant, elle n’avait le choix. Aussi, la mort dans l’âme, elle demanda à Kaito d’arrêter les souffrances inutiles.
Le guérisseur ferma les yeux et se concentra sur le lien. Il engourdit les sens de Marline tandis qu’il se dirigeait vers le cœur. Et, lorsqu’il fut sûr que la presque morte n’avait plus de sensation, il arrêta le muscle cardiaque. La peine et la souffrance, davantage mentale que physique, s’engouffrèrent dans le meurtrier tandis qu’il ressentit la vie s’enfuir du frêle corps.
« Elle… est partie. » dit simplement Kaito encore agenouillé.
Hinia se releva et s’éloigna de la morte. Elle paraissait à la fois soulagée et accablée. Puis, Chevelure-de-Jais s’approcha pour la première fois de la décédée.
« Que son esprit repose en paix. Puisse-t-elle être heureuse où qu’elle soit. » dit-elle solennellement. « Merci pour ces mots. » dit la doyenne. « Mais, maint’nant, faut l’enterrer. Elle peut pas rester ici. C’n’est pas sain. Pas respectueux non plus. » « Je peux aider à cette tâche. » « Merci. »
Peau-d’albâtre sortit de l’habitation suivie par la doyenne qui semblait à présent avoir l’âge de son titre. Là, elles virent que la nuit était pleinement tombée. Pourtant, la jeune femme tint toujours à apporter son aide. Jamais elle ne revenait sur une parole donnée. Il en était de son honneur. Par une fois, il avait été bafoué, et la mort aurait dû laver cette injure. Cependant, il en avait été autrement et elle devait vivre avec ce fardeau.
La vieille femme les mena à ce qui servait de cimetière au petit village non sans avoir récupéré une pelle. Quelques monticules de terres le formaient. Et, une nouvelle sépulture se fit creuser.
Pendant ce temps, Kaito restait dans la maison. Il n’avait pas encore récupéré aussi bien physiquement que psychiquement. Seul le temps pourrait l’y aider.
Neko Maître du Jeu
Litang : 0Messages : 90 Date d'inscription : 16/04/2011
Sujet: Re: D'Alinoa vers l'inconnu Jeu 8 Déc - 18:17
Il régnait dans le village une sorte de stupeur. Tout semblait mort et silencieux... La jeune femme héla un badaud qui s'approcha lentement. Sans même prendre la peine de descendre de cheval, ni de rabattre la capuchon qui lui couvrait la tête elle l'interrogea sur l'atmosphère pesante. Il paru d'abord surpris d'entendre une voix douce, surement habitué par le passage des soldats et des hommes d'armes en tout genre. Après un instant d'hésitation le vieil homme expliqua à la messagère qu'une des femmes du village était en train de mourir. Cela ne toucha guère la jeune femme qui se contenta d'une formule rituel que l'homme ne comprit pas. - Mais dis moi vieil homme as tu vu des étrangers ces derniers jours ?
- Vous savez ma dame il ne passe des voyageurs toute la journée ici... Quel genre d'homme cherchez-vous ?
- Il s'agit d'un guérisseur, il est accompagné d'une jeune femme.
- Vous avez de la chance ma dame, un homme est arrivé aujourd'hui, il doit se trouver chez Hinia. C'est la maison là-bas.
La jeune femme le remercia d'un geste condescendant et s'éloigna dans la direction indiquée par l'homme. Arrivée devant la porte elle mit pied à terre. Elis sortit d'une des sacoches de voyage que portait sa monture la lettre de maître Chusonji. Elle se dirigea vers la porte de la petite maison. A l'intérieur se trouvait un homme, il semblait hagard. Elle le reconnu tout de suite, l'oeil gauche aveugle, un large cicatrice sur le visage.
- Maître Simizu, je suis porteuse d'un message pour vous.
Voici le contenu de la lettre :
Cher Kaito,
Notre dernière rencontre remonte à loin, mais nos études de l'Eau nous ont amené à nos côtoyer. Je suppose que vous vous souvenez de moi. Quoi qu'il en soit je souhaite que vous soyez présent aux grandes fêtes de l'Eau qui ont lieu à Sikaiddo cet hiver.
Mais je ne vous cache pas qu'il se prépare dans le vaste monde de grands changements et je vous enjoins à prendre part avec moi à ce renversement de l'ordre.
Elle n'était pas signée mais un sceau l'identifiait comme écrite par le daimyo de Sikaiddo Chusonji Shotam.
Shimizu Kaito
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Sujet: Re: D'Alinoa vers l'inconnu Sam 10 Déc - 2:26
« La mort envoie de nombreux messages, Le plus important étant ‘Vivez votre vie’. »
Kaito était assis sur le coin du lit occupé les yeux fermés lorsqu’il entendit une personne entrer. Il ouvrit son œil valide juste à temps pour dévisager l’arrivante. Une jeune femme au visage halé, sa fine musculature à peine cachée par ses habits fonctionnels ayant subi les aléas des voyages marquant davantage sa grande taille et à l’air professionnel. Elle parla d’une voix neutre avant de tendre une missive à l’assis.
Ce dernier la prit en la remerciant d’un signe de tête. Puis, il se mit à la lire. La première lecture lui apporta plus de questions qu’autre chose. En particulier comment pouvait-il connaître l’expéditeur si celui-ci ne donnait son identité ? Puis, à la deuxième lecture, il remarqua le sceau. Il lui fallut un peu de temps avant de le reconnaître. Celui du daimyo de Sikaiddo. En fouillant dans sa mémoire, il se souvint de son nom, Chusonji Shotam.
Seulement, cela ne l’aida pas. Il n’avait aucun souvenir de cette personne. Et pour cause, excepté Daichi, il ne se souvenait pas des noms ni des prénoms de ceux qu’il avait côtoyés lorsqu’il avait commencé à s’ouvrir aux autres. Pour lui, un nom ne signifiait que peu de chose s’il ne pouvait y mettre un visage. Si l’expéditeur était tellement persuadé de le connaître, alors le voir suffirait à le rappeler à son souvenir.
Kaito quitta le message du regard pour observer la messagère. Elle n’avait bougé depuis le début. Droite comme un piquet observant le lecteur de haut d’un regard fixe. Elle semblait dans l’attente d’une réaction, d’une réponse. Ainsi donc, sa mission ne consistait uniquement en l’acheminement de la lettre.
Le guérisseur réfléchit un instant à ce qu’il allait dire. Il était invité à une fête. Mais, il n’avait jamais réellement apprécié les festivités quelles qu’elles furent. Mais, ce qui restait le plus présent à son esprit était la dernière partie. Le daimyo paraissait avoir de grandes ambitions et de grands projets pour le futur. Et, on demandait son aide. Kaito ne voyait aucune raison de refuser. Ni d’accepter d’ailleurs. Aussi, décida-t-il d’accepter l’invitation.
« Dites… que… je… nous viendrons. »
L’homme ne savait ce qu’il devait faire de plus. Comment devait-on traiter une messagère ? Devait-il la payer pour sa réponse ? Devait-il la suivre ? Devait-il faire quelque chose ? Comme il n’en avait aucune idée, il préféra attendre assis que la femme prenne l’initiative. Il en profita pour jeter un coup d’œil à Marline enfin sereine. Il se demanda si le creusage de la tombe se passait bien.
Shimizu Kaito
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Sujet: Re: D'Alinoa vers l'inconnu Sam 21 Avr - 0:10
« Aux portes de la mort, nous revivons tous les bons moments. Que se passe-t-il s’il n’y en a aucun ? »
Enfin, un rai de lumière, blafard, perça la dense et sombre couverture nuageuse cachant le ciel. Kaito ne sourit aucunement en assistant à ce spectacle augurant une possible amélioration du temps dans la journée. A ce moment de la matinée, son esprit était tel le ciel, sombre, morne et sans vie.
Toute la nuit, il avait ressassé sans cesse ses sombres pensées. Il avait beau savoir qu’il avait agi au mieux, ce n’était pas assez à son œil. Il aurait dû pouvoir l’aider davantage, la sauver. Il n’avait pu qu’hâter sa mort, le plus miséricordieusement possible certes.
La nuit passée au seuil de la demeure d’Hinia assis en tailleur à même le sol glacial à subir le froid nocturne l’avait épuisée. Les cernes sous ses yeux étaient là pour le prouver aux observateurs les moins doués.
La creuseuse, aussitôt son labeur terminé et sur invitation de la doyenne à venir se reposer en sa maison, céda au sommeil sans demander son reste. Elle dormit profondément, sans rêver pour la première fois depuis des années, sans bouger pour la nième fois depuis des années.
Kaito avait vu la messagère repartir avant le matin après un court repos afin d’acheminer la réponse à l’invitation. Le soigneur avait arrêté de se morfondre un instant pour se dire qu’il lui faudrait finalement se rendre à Sikkaido par ses propres moyens sans personne pour le guider. Un court instant uniquement.
Et là, un deuxième rai toucha le sol. Semblable au premier. Le semblant de luminosité attira Sombre-Chevelure dehors. Son regard se porta sur Kaito. Elle ne put manquer sa mine affreuse. Cependant, par respect, elle ne fit de remarque. Elle le salua sobrement.
Avant qu’un troisième rayon n’apparaisse, Hinia sortit à son tour et les invita pour prendre un petit-déjeuner frugal. Le léger repas se déroula sans autre bruit que celui de la mastication. Mais, il prit fin. Tout comme le silence.
« Vous allez donc partir ? » demanda la doyenne.
Une minute passa avant que le soigneur, même s’il doutait de mériter encore ce titre, ne dise un mot : « Oui. ».
« C’est bien c’que je pensais. J’comprends. J’vous remercie pour tout. Sachez que j’dirais à Enna, la fille d’Marline, tout c’que vous avez fait pour elle. Merci, maître. » fit Hinia avec sincérité et reconnaissance.
Kaito hocha la tête acceptant les remerciements. Il n’acceptait pas encore ce qu’il avait été amené à faire. Cependant, les paroles atténueraient progressivement, au fil du temps, la douleur de la mort provoquée.
« Merci. » murmura-t-il.
A nouveau le silence s’installa. Le vent s’infiltra sous la porte en sifflant. Le silence perdura. Un volet claqua contre l’unique fenêtre. Cela sonna le signal du départ. Kaito se leva. Ne sachant comment dire au revoir à Hinia, il se contenta de baisser la tête humblement avant de sortir affronter le mauvais temps.
Pâle-Peau le suivit et dut écarter de son visage ses longs cheveux volant au gré des bourrasques. Elle vit que le temps ne s’était aucunement amélioré. Mais, pas empiré pour autant, ce qui la soulagea n’aimant marcher sous la pluie.
« Où nous rendons-nous à présent ? » demanda-t-elle.
Ne voulant crier pour couvrir le vagissement aérien, le borgne se rapprocha.
« J’ai reçu un message… Nous allons à Sikaiddo. » « Comment y allons-nous ? »
Cela, Kaito n’y avait pas réfléchi trop accaparé par la récente mort et l’esprit embrumé par la fatigue. Il haussa faiblement les épaules.
« Je crains que le plus simple et rapide serait de prendre un navire à Alinoa. Il nous faut donc rebrousser chemin. » dit-elle après un court instant de réflexion. « D’accord. »
Les deux voyageurs décidèrent donc d’affronter les éléments et de retourner vers Alinoa. Solution la plus rapide pour se rendre à Sikaiddo, mais non la plus sûre. Par son départ précipité du monastère, le soigneur devait probablement être recherché.
Et, comme pour annoncer le début d’une nouvelle étape de son voyage, le hurlement d’un loup se fit entendre.