La traversée avait paru longue à Han. Trop longue. Il avait utilisé le peu de pigment qui lui restait pour faire une estampe de la mer sur un rouleau. Il était satisfait du résultat, mais malgré cela, il avait appréhendé son arrivée à Sikaiddo tout le long du trajet. Le daimyo Chusonji était aussi un grand maître de la Flèche de l'Eau, et ses collègues du Vide devaient l'avoir prévenu de son intention de se rendre sur l'île.
En effet, dès que les quais furent en vue, il put apercevoir le véritable contingent de soldats qui attendait le Jenko. Lorsque le marchand qui possédait le navire les vit aussi, il paniqua. Peut-être avait-il une cargaison illégale. Mais Han le savait, ces guerriers ne fouilleraient pas la cale, sauf si le marchand se trahissait. Ils étaient là pour lui.
Mieux valait se rendre. Il ne pourrait jamais affronter autant de gardes seul. Il se ferait tuer avant d'avoir pu sortir son sabre volé. Et il n'avait pas envie de se faire tuer. Sauter dans l'eau ne lui servirait rien, il devait sûrement y avoir des mages dans le tas. Après tout, Sikaiddo était la cité de l'Eau. Dès qu'ils arrivèrent à portée de voix, Han s'approcha du bastingage et lança :
- Que cherchez-vous, soldats ? Je peux peut-être vous aider.
Le marchand, pensant que Han connaissait l'existence de sa cargaison et voulait la révéler à la garde, ordonna à ses hommes de la détruire à son signal, pendant qu'il occupait les autorités.
- Nous recherchons un dangereux criminel du nom de Tsuntamari Han. Il est à bord de ce navire.
Le marchand sursauta. Ainsi, il transportait à son bord un hors-la-loi. Cela pouvait lui coûter très cher. Mais qui était-ce ? Ses yeux balayèrent ses hommes qui s'activaient sur le pont, puis s'arrêtèrent sur Han. Lui, un dangereux criminel ? Ce peintre inoffensif ? Impossible. Pourtant, il n'y eut plus l'ombre d'un doute lorsqu'il parla.
- C'est moi. Je me rends.
Le capitaine des gardes ne parut pas s'émouvoir de cet aveu spontané. Il attendit avec sa troupe que le navire s'amarre au ponton, puis monta lui-même dès que la passerelle fut installée.
- J'ai ordre de vous emmener dans les geôles du palais du daimyo. Je ne sais ce que vous avez fait, bandit, mais vous allez rester longtemps derrière les barreaux, si vous voulez mon avis. Allez, lâchez votre arme et nous partons.
Han tendit son sabre engainé au capitaine, et le suivit sur le quai. On lui laça les mains dans le dos, et on l'emmena, sous le regard inquiet des badauds.
Shotam Admin
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Sujet: Re: Au port de Sikaiddo [clos] Lun 23 Mai - 8:48
En effet je n'avais pas eu à attendre longtemps. Dès le lendemain matin on m'informa que Tsuntamari était conduit sous bonne garde en prison. Je délaissai mes affaires en cours pour m'y rendre. Ma nièce Lula voulut m'accompagner, mais si les gardes avaient un peu malmené Tsuntamari, disons, s'il s'était défendu, autant ne pas exposé la jeune fille à ça.
J'utilisais le prétexte suivant : je la chargeai d'envoyer un pigeon voyageur porteur d'un message à la Flèche du Vide. Des banalités les informant que Tsuntamari était fait prisonnier et que j'étais incapable de leur faire parvenir pieds et poings liés.
C'est le capitaine de la garnison du palais que je choisis pour venir avec moi. Un homme calme et posé, pas spécialement méchant, mais très impressionnant à voir. Il devait faire ses deux mètres et peser plus de cent kilos. Un molosse !
Je me rendis donc aux prisons de la ville. Un endroit pas particulièrement accueillant, mais sans non plus être glauque. Autant certains prisonniers méritaient une mort lente et très pénibles, autant nos lois enfermaient des gens qui méritent tout de même le respect de leur dignité. J'avais donc tenu à ce que les geôles ne soient pas un endroit d'horreur et de vice. De même que les gardiens devaient être droits et honnête.
Je fermais cependant les yeux sur une aile de la prison où étaient enfermé les cas les plus dangereux. Là, je laissait au gardiens le soins de faire régner l'ordre comme bon leur semble.
Mon gaillard ne devait pas se trouver la bas. Le gardien chef m'informa qu'il se trouvé dans une cellule des tours est. Les cellules d'isolement. Je tenais à être tranquille avec lui. Trois gardiens me guidaient dans le dédale de couloirs, d'escaliers, de portes et de grilles.
Toujours accompagné du Capitaine, les gardiens me firent entrer dans la cellules. L'unique haute fenêtre ne permettaient pas d'y voir grand chose, mais il ne me fallut pas longtemps pour voir mon invité.
Han Main d'Or
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Sujet: Re: Au port de Sikaiddo [clos] Lun 23 Mai - 16:36
On entra dans la cellule de Han. Il y avait bien longtemps que celui-ci n'avait plus fréquenté de villes sous la direction de nobles, et il en avait oublié le protocole. Si bien que lorsque Shotam et son garde, un véritable géant, entrèrent, il fit simplement un signe de tête.
- Bonjour.
Après un rapide coup d’œil aux vêtements du plus petit des deux, Han déduisit qu'il était maître de l'Eau, mais qu'il faisait également partie de la famille du daimyo. Il devait donc être le daimyo lui-même, l'autre n'étant qu'un garde plus impressionnant que dangereux.
- A ce que je vois, vous devez être le daimyo Chusonji. Je vous souhaite la bienvenue dans ma modeste geôle. Modeste, mais nettement plus agréable que le cachot auquel je m'attendais. La Flèche du Vide n'a pas dû être assez claire sur les conditions relatives à mon emprisonnement, ou alors vous n'avez pas pour but de ramper à leur pied, ou même tout simplement de maltraiter vos prisonniers.
Si c'est le cas, nous allons pouvoir discuter en êtres civilisés, malgré votre appartenance manifeste au Lotus, organisation qui n'a pas pour habitude d'être tendre avec ses adversaires.
Alors, je vous écoute, pourquoi m'avez capturé, et quelle est la suite prévue pour les évènements ?
La peur et l'angoisse donnait à Han un étrange détachement, et une insolence propre à l'ennemi du pouvoir qu'il était. Curieusement, c'est quand il avait peur qu'il parlait le plus. Shotam allait trouver en face de lui un vrai bavard.
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Sujet: Re: Au port de Sikaiddo [clos] Lun 23 Mai - 21:21
J'écoutai parlais le prisonnier Tsuntamari. Son insolence me fit sourire, d'un sourire fauve je dirais même carnassier. Mais c'était le but. Il venait peut être de comprendre que j'aurais dût le faire pendre la muraille par les pieds et que s'il se trouvait là c'est précisément parce que je ne rampe jamais devant les vieux pénibles du Lotus. Cependant il ne fallait surtout pas qu'il pense que la partie était gagnée. Elle ne l'était d’ailleurs certaine pas. J'étais intrigué mais je n'allais pas risque ma place de maître de la Flèche de l'Eau, ni faire bannir ma famille de Sikaiddo. Si la discussion devait tourner court, j'aurais tôt fait de l'envoyer quelques jours avec les pires assassins de la province.
- Han, si je puis me permettre cette familiarité. Sachez que je vous maintiens peut être en bon état pour le transport jusqu'à la Flèche du Vide. Il parait que vous avez tendance à vous échapper, alors mieux vaut que vous soyez en forme pour survivre aux gardiens.
Je fis quelques pas en avant tandis que le Capitaine allait se placer juste au dessus de notre invité. Il ne fallait surtout pas qu'il se sente en confiance, après tout, malgré la panique qui se lisait dans les yeux, il pouvait toujours me mentir.
- Sachez que vos affaires ne nous ont pas échappé, je vais dès à présent renvoyé le pendentif à son propriétaire et vous suivrait le même chemin d'ici deux jours.
Oh le vilain mensonge. La qualité de noble donne toujours une véracité au pire mensonge et il est des situations où cela est bien pratique.
Mais vous m'avez l'air futé, pourquoi vous être directement jeté dans les bras du Lotus en venant à moi ?
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Sujet: Re: Au port de Sikaiddo [clos] Mar 24 Mai - 16:59
Hum... Ce Chusonji était retors. Trop retors. Il valait mieux répondre à une majorité de ses questions avec franchise. Sinon, la chance pourrait tourner, très vite.
- Permettez vous, je vous en prie. Nous ne sommes pas en public, ici. Pour ce qui est de ma tendance à m'échapper, je l'aurais déjà fait si j'étais réellement doué. Ce n'est pas que cet endroit me déplaise, mais disons qu'être un pantin dans les mains du Lotus ne m'enchante guère, et ma vie confortable à Hong Tsao m'a habitué à mieux que ça.
Le garde géant se plaça de façon à signifier le plus possible à Han qu'il était parfaitement capable de le tabasser à la moindre tentative de sournoiserie de sa part.
- Le pendentif, vraiment ? Je ne pense pas que votre but soit de rendre service gratuitement aux Maîtres du Vide. Et encore moins Naruyata, qui est quelqu'un de particulièrement exécrable, je peux vous l'assurer. Si vous renvoyez cet objet, sachez que vous pouvez en tirer un bon prix. Quand je dis prix, je n'entends pas forcément argent. J'entends plutôt des choses que le Vide veut garder secrètes le plus possible.
Puisque l'on parle de mes affaires, j'espère que vous n'avez pas esquinté mes pinceaux. Certes, la loi vous en donne le droit, mais ce serait détruire des ustensiles célèbres. Ce sont eux qui ont peint les fresques de la grand place de Hong Tsao.
Certes, il est possible que, si je venais à être livré aux maîtres du Vide, ils ne me servent plus à rien. Mais j'aimerais bien qu'ils m'accompagnent dans mes rites funéraires, si jamais j'ai droit à une quelconque cérémonie, si petite soit-elle.
Il fallait tourner la situation à l'avantage de Shotam, tout en gardant une possibilité de reprendre le dessus. Possibilité pas évidente ici.
- Me jeter dans les bras du Lotus est peut-être un peu exagéré. En réalité, je ne comptais pas sur le fait que les agents de mes détracteurs me repère à bord du Jenko. Dès que j'ai croisé le regard de celui qui a tenté de me tuer, j'ai su que je serais attendu ici. Mais que pouvais-je faire ? Nous étions déjà au large.
Quant à la raison de ma venue à Sikaiddo, eh bien, c'est assez simple. Je voulais semer mes poursuivants. Il est bien plus simple de se dissimuler dans des territoires connus depuis l'enfance et d'échapper à des pisteurs en partant pour une île.
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Sujet: Re: Au port de Sikaiddo [clos] Mer 25 Mai - 17:41
Je fus surpris. Tsuntamari était bavard à un point inimaginable. J'en fus d'abord content, mais rapidement cela m'irrita. Il ne répondait pas à mes questions et usait ma patience. Je changeai radicalement l'expression de mon visage, ce qui avait tendance à déstabiliser les diplomates les plus avertis, alors un prisonnier apeuré ne devrait pas poser problème. C'est sur un air féroce que le lui reposais ma question :
- Commencez par me dire qui vous êtes, ne m'obligez pas à laissé les geôliers vous interroger. Si vous êtes peintre, vous devriez savoir que vous ne supporterez pas la douleur...
Je repris une expression plus aimable.
- Répondez simplement, qui êtes vous ? comment me connaissez vous, je veux dire comment saviez vous que je ne vous renverrez pas la tête dans un sac à la Flèche du Vide ? Et surtout, comment en êtes vous arrivé à voler un artefact puissant chez un Maître du Lotus ?
Je jetais un œil au Capitaine, histoire que Tsuntamari ne l'oublie pas.
Han Main d'Or
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Sujet: Re: Au port de Sikaiddo [clos] Dim 29 Mai - 20:36
Face à l'intimidation de Chusonji et de son garde du corps, Han ne frémit pas. Du moins, extérieurement.
- Je ne suis que Han Tsuntamari. Etant donné que je suis peintre, je sais que je ne pourrais pas supporter la douleur, mais vous n'obtiendrez tout de même rien de plus de moi, étant donné qu'il n'y a rien de plus à obtenir.
Mais si vous voulez des détails... Je suis né ici, à Sikaiddo, dans la famille Tsuntamari, qui, comme vous le savez, a été décimé. A la fin de la guerre, j'ai vécu à Hong Tsao pendant douze ans, jusqu'à il y a une petite semaine, et j'y ai appris la peinture et le Shito, en participant activement à la reconstruction.
Il n'y a rien d'autre à savoir. Et je ne savais pas qui vous étiez. Mais je me doutais bien que vous n'alliez pas me renvoyer la tête dans un sac si je me rendais, étant donné que le Vide me veut vivant. Il aurait été malvenu de votre part de les provoquer ainsi pour rien. Pour le vol, je crois qu'il ne s'agit que de coïncidences heureuses et de négligence de Naruyata. De la chance pour moi, en somme.
Han notait que Shotam demandait comment, et non pourquoi. Étrange. Peut-être était-ce évident pour lui.
Spoiler:
Excuse moi pour cette brève et tardive réponse, mais j'ai eu peu de temps pour répondre ;)
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Sujet: Re: Au port de Sikaiddo [clos] Lun 30 Mai - 9:22
Décidément impossible de savoir comment un peintre arrive à voler un maître du Vide... Quelque chose m'intriguait. Cette même chose qui m'avait pousser à venir le voir en personne, après tout j'aurai put tout bonnement le renvoyer à Hong Tsao sans même voir son visage.
Je prenais un ton plus léger, après tout il me semblait honnête.
- Dites moi, ami peintre, plutôt, racontez moi comment avez vous volé le vieux Naruyata ? Je vous avoue que je suis curieux. Et je vous confesse que ces vieillards pédants m’insupporte. Seulement comprenez que vous me mettez dans l'embarras. J'ai le pouvoir de faire en sortes que vous viviez, sans plus être inquiété par les membres du Lotus. Seulement je n'ai pas encore de raison de le faire...
Je me tournais vers le Capitaine.
- Merci beaucoup Capitaine, attendez moi devant la porte. Ne vous en faite pas pour moi, il y a un seau d'eau sous le lit, je ne risque rien.
Il ne dit rien et referma la porte derrière lui. J'étais seul avec Tsuntamari. Je me concentrais légèrement pour m'assurer que l'eau me répondais et elle le fit.
- Maintenant que nous sommes seuls parlons franchement.
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Sujet: Re: Au port de Sikaiddo [clos] Lun 30 Mai - 17:52
Shotam proposait de le faire s'enfuir ! Ce Maître était moins stupide que la moyenne. Beaucoup moins stupide. Mais il fallait s'assurer que ce n'était pas un piège. De toute façon, il n'avait pas grand chose à perdre.
- Eh bien, seigneur Chusonji, le fait que vous soyez venu me voir en personne me laisse penser que vous avez déjà une partie de vos réponses, et que vous pouvez déduire le reste.
Mais puisque ces vieillards pédants vous insupportent, comme vous dites, et vous avez bien raison, je peux vous dire que vous auriez facilement pu en faire autant, pour ce qui est du vol. Très facilement. Simplement, il m'a fallu abandonner mon amour-propre, avoir un complice fiable, et utiliser toute ma tête. C'était une sorte d'épreuve, pour moi. Et je l'ai réussie. Mais je ne la recommencerais pas volontiers.
Quant au seau d'eau, je ne suis pas sûr qu'il vous sauve si je décide de vous étrangler, tout Maître de l'Eau que vous soyez. Mais je ne tenterai rien de tel. Je n'ai pas envie d'être exécuté pour meurtre. Je n'ai même pas la moindre envie de vous tuer. Ce serait crétin de ma part de tuer un homme aussi peu orthodoxe que vous, homme qui est de plus mon .
Très bien. Maintenant, que cherchez-vous vraiment ? Jusqu'ici, vous ne m'avez pas posé de questions auxquelles vous ne pouviez pas obtenir vous-même de réponse. Alors, quel est votre but ? Pourquoi être venu me voir ?
La peur était retombée, et Han était presque content d'être ici, à engager une conversation intéressante avec quelqu'un capable de la comprendre.
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Sujet: Re: Au port de Sikaiddo [clos] Mer 1 Juin - 8:47
Je réfléchis rapidement. Que faire de ce Tsuntamari ? Peut être pourrais-je m'en servir pour bousculer l'Ordre. Notre Ordre au glorieux passé, tout le monde avait oublié le temps où notre institution servait le peuple et non les daimyo ou les empereurs ou je ne sais quels seigneurs de guerre.
J'étais tombé par hasard sur les quatre premiers volumes des Annales de l'Ordre. On les disait perdues... Et pour cause, elles retraçaient les cent premières années de l'Ordre qui n'était alors ni riche ni puissant, mais serviable et bienveillant.
Cet aspect là n'est plus qu'une façade et tout les maîtres le savent. Mais la plus part sont trop occupés à entasser richesse, puissance et pouvoir pour s'en soucier.
- Han, je nourris de grands projets pour l'Ordre et sachez que si vous n'étes pas encore à Hong Tsao c'est parce que j'ai besoin des connaissances que vous avez, et je ne parle pas de peinture. Je lui souris d'un air entendu. Répondez moi franchement, avez vous été à un moment de votre jeunesse un adepte du Lotus ?
Je n'avais jusqu'à présent pas penser à renverser vraiment le fonctionnement de l'Ordre. Mais les choses se précipitaient. Le commun de l'Ordre serait surement indifférent à mes projets, tandis que les maîtres y seraient complètement hostiles. J'avais peu d'alliés sûrs...
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Sujet: Re: Au port de Sikaiddo [clos] Mer 1 Juin - 14:49
Il savait. Il n'y avait pas besoin de lui cacher. Ou alors il bluffait. Quelle que soit la véritable intention de son interlocuteur, Han répondit franchement.
- Eh bien, je ne me suis jamais considéré comme l'un des vôtres. Jamais. Le fait que l'on m'ait pris à ma famille pour m'enseigner des choses que je ne voulais pas savoir m'a révolté. Je me suis très rapidement enfui. Non, je crois n'avoir jamais été un adepte du Lotus. Je ne me suis jamais senti l'un des vôtres.
Si ce sont de mes connaissances en mysticisme que vous avez besoin, je doute de vous être d'une grande aide. Je suis un parfait inculte en la matière. Je n'ai que les bases que l'on a réussi à m'inculquer avant que je ne prenne la fuite.
Je déteste l'Ordre, seigneur Chusonji, je le hais. Si vos grands projets sont de le détruire ou d'en changer l'entière conception selon des termes qui me conviennent, alors vous aurez mon soutien et nous pourrons nous entendre. Sinon, je préfère que l'on m'envoie aux maîtres du Vide.
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Sujet: Re: Au port de Sikaiddo [clos] Sam 4 Juin - 13:01
Enfin des choses intéressantes ! Enfin nous allions pouvoir parler.
- Comprenez bien Tsuntamari que je suis à la fois en posture délicate avec l'Ordre et très bien placé pour le miner de l'intérieur ! Ce ne sont pas les adeptes qui décident du fonctionnement, mais les vieux maîtres que j'ai en horreur. Sachez que j'ai un nombre impressionnant de querelles à mon actif. Non que je m'en vente mais plutôt que vous avez bien choisit votre interlocuteur. Je lui souris de toutes mes dents. Seulement je n'ai ni plan, ni aucune idée. Sachez aussi que j'exècre autant que vous le fonctionnement de l'Ordre. Les siècles l'ont corrompu et détourné de sa fonction première.
J'allais jusqu'à la porte de la cellule, restée entre entre-ouverte. Je ne craignait rien, ici à Sikaiddo, les soldats me sont fidèles de même que les autres membres de l'Ordre. Mais mon aura de dissident ne va pas au delà... Dans le couloir il n'y avait que le Capitaine, lui plus que quiconque m'était entièrement dévolu. Je croisais son regard d'acier, il était calme mais prêt à toute éventualité.
- Capitaine, trouvez moi un uniforme de garde à la taille de notre invité, ainsi qu'une cape à capuche. Merci.
Tandis que mon serviteur s’exécutait, je retournais vers le fond de la cellule.
- Je pense que nous allons retourner au palais. Nous y serons mieux que dans ces appartements humides pour discuter. Mais avant tout, je me demande une chose. Puis-je vous faire confiance dans cette entreprise insensée et puis à quoi pensez vous pouvoir m'être utile ?
Han Main d'Or
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Sujet: Re: Au port de Sikaiddo [clos] Mar 7 Juin - 18:21
Il le faisait s'échapper. Oui, il le gardait avec lui, mais il serait incognito, pour le moment. Quelle aubaine était ce daimyo ! La peur disparut quasiment totalement en Han, et il se fit d'un coup moins bavard, mais plus précis.
- Vous êtes intelligent de me faire sortir. Tant que vous ne tentez pas de faire de moi votre agent, vous pouvez me faire confiance. J'ai déjà une dette envers vous, si vous ne me livrez bel et bien pas aux maîtres du Vide.
J'ai une excellente couverture, en tant que peintre renommé. Je peux partir pour de lointaines régions et récolter des informations pour vous. J'espère que la Flèche du Vide n'a pas donné mon signalement à toutes les autres Flèches. Si c'est le cas, le seul refuge pour moi, c'est Alinoa ou la lutte clandestine, ou les deux.
Quoiqu'il en soit, je vous aiderai. Et si vous souhaitez quelques idées, j'en ai. Pas des stratégies de masse, mais des actes individuels. Des vols d'artefacts comme le mien ferait enrager les vieux Maîtres, mais ils se méfieraient. Justement, nous devons nous faire discret, les rassurer, bannir leurs soupçons, puis tous les tuer d'un coup. Un grand massacre, où mourrait le pouvoir, et d'où naîtrait l'espoir d'une nouvelle ère.
Tsuntamari, en cet instant, avait l'air fou. Une véritable volonté de destruction voilait son regard vague, en extase. Mais il ne resta ainsi que deux secondes.
- Vous pouvez me croire furieux et dangereux. Je le suis. Par furieux, j'entends peu sain d'esprit. Je hais le pouvoir, et je ferai tout pour le détruire.
Il se tut en voyant le serviteur apporter un uniforme, qu'il enfila. Le page se retira en toute discrétion.
- Bien. Maintenant, dites-moi, que comptez-vous faire de moi, exactement ?
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Sujet: Re: Au port de Sikaiddo [clos] Jeu 9 Juin - 8:22
- Déjà nous allons nous rendre au palais, il doit être l'heure du repas, je meurs de faim. Je suppose que vous aussi. De là nous pourrons discuter des détails que je n'ai pas encore réfléchis. J'ai tout de même un grand nombre d'amis au sein de l'Ordre, n'allez pas croire que je suis le seul à trouver ces vieillards pédants. Disons que je suis le seul à avoir le même rang qu'eux.
Je réfléchis quelques instants. Je ne savais pourtant que faire de ce peintre à semi-fou. Il me plaisais bien. Son côté dément m'amusait quelque peu.
- Cependant comprenez bien que je ne peux vous relâchez directement dans la nature. Je pense que vous allez rester quelques temps ici, à Sikaiddo. Vous serez hôte de ma demeure. En échange je vous demande seulement de réaliser quelques estampes. Cela vous évitera l'ennui et nous pourrons admirer vos talents. Ne vous en faites pas pour les frais, cela fait des années que le Palais n'a pas dépensé un Litang pour des œuvres d'art.
Le Capitaine entra dans la pièce. L'air très sérieux. Une main posée sur son katana.
- Monseigneur nous devrions rentrer au palais. Suntari va encore être de très mauvaise humeur si elle sert le repas et que vous n'êtes pas là.
Il avait raison, la vieille intendante était très douée dans son travail mais avait un caractère exécrable. Elle ne me craignait en rien et n’hésitait pas à me le rappeler.
- Han, nous devrions y aller. Ainsi habillé vous passerez inaperçu. Il y a suffisamment de soldat à Sikaiddo pour que tous ne se connaissent pas. Suivez moi.
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Sujet: Re: Au port de Sikaiddo [clos] Jeu 9 Juin - 16:31
Non seulement ce Shotam le libérait, mais en plus, il lui donnait du travail, comme ça ? Si tous les puissants pouvaient être aussi... comme ça.
- Je vous remercie pour votre proposition. Si mon art peut vous rendre service, ce sera avec plaisir que je peindrai pour vous, si cela ne me coûte rien. Mon pécule est tout de même mince, comprenez.
Vous avez dû trouver, dans mes affaires, le rouleau que j'ai peint, sur le navire qui m'a amené ici, le Jenko. Cela vous fera une idée. Je vous l'offre, en remerciement. Il s'appelle "Attente".
L'estampe en question était un brouillard de couleurs qui, de près, montrait une mer mouvementée, attirant le regard dans son abîme ténébreux, creusant dans ses vagues autant de raison d'avoir peur. En revanche, si l'observateur était à un peu plus de dix mètres, il pouvait voir le visage de Tsuntamari en train de hurler son désespoir, formé de vagues et d'écume, défiguré par la fureur des embruns. Le daimyo la trouverait sûrement assez impressionnante, s'il n'avait pas l'habitude de la peinture moderne.
Le peintre emboîta le pas à Chusonji, et ils quittèrent la prison avec son Capitaine, qui haussa à peine le sourcil en les voyant sortir tous les deux.
Shotam Admin
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Sujet: Re: Au port de Sikaiddo [clos] Jeu 9 Juin - 17:30
La peinture que Han m'offrit me laissa perplexe. Il y avait là une forme de magie, curieuse, inné, et surtout puissante. Je me notais mentalement de l'examiner plus en profondeur dès que possible. Seulement je craignais de ne guère avoir les connaissances nécessaires...
Nous sortîmes de la geôle direction ma demeure. Nous y serions autrement plus à l'aise et surtout ne risquions pas d'être surpris pas d'éventuels fouineurs ou oreilles indiscrètes.
- Cela me dérange quelque peu de vous demander cela, mais dès à présent ne parlez plus Tsuntamari. Vous êtes un simple garde accompagna le Capitaine et moi. Pour quelques dizaines de minutes seulement. Nous pourrons parler tout notre content après. Je suppose que vous comprenez bien qu'il en va de ma crédibilité et surtout de votre vie.
Nous marchâmes en silence durant un long moment avant de déboucher à l'air libre et surtout au soleil. Le pauvre Tsuntamari n'avait pas dû le voir depuis plusieurs longues journées. Il fallut presque trente minute de marche pour atteindre le palais. Je ne portais pas mes habits de daimyo et passait inaperçu dans la foule de cette belle matinée. Seul le capitaine, en armure légère et dominant les gens d'une tête et demi ne passait pas inaperçu. Un fonctionnaire quelconque accompagné de deux gardes, chose courante en ville.